Leçon 9 : L’art de retourner sa veste

« Livre II, fable 5 »

La chauve-souris et les deux belettes

Le bon courtisan est adaptable : il sait quand crier « vive le Roi ! » lorsque cela l’arrange et « Vive la Ligue ! » quand le vent tourne. C’est une question de survie, car, par définition, le courtisan ne vit que grâce aux puissants. S’il n’adapte pas ses convictions et ses idées au pouvoir du moment, il perd toute chance d’arriver à ses fins. Dans « la chauve-souris et les deux belettes », La Fontaine raconte l’histoire de cet animal hybride : mi-souris, mi-oiseau qu’est la chauve-souris. Cette dernière tombe d’abord dans le nid d’une belette hostile aux souris. La chauve-souris a beau jeu de montrer ses ailes et de se déclarer de la race des volatiles. Ensuite, elle rencontre une autre belette, ennemie jurée des oiseaux. Notre chauve-souris montre sa peau rase, où aucune plume ne pousse et réussit sans difficulté à convaincre l’hostile belette de son appartenance à la confrérie des souris. Par ce changement auto-déclaré de statut, elle sauve sa vie deux fois.
Le courtisan n’est pas la chauve-souris de la fable : il ne joue pas sa peau au sens propre du terme, mais il joue sa carrière ou sa survie politique au sein de la Cour. Et on se demande parfois si ce n’est pas le plus important pour lui… (à l’image du célèbre personnage de bande dessinée Iznogoud, qui, comme chez La Fontaine, a la ténacité de la fourmi, la ruse du renard, la méchanceté du loup et la bêtise de l’âne).
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